Le Hajj, l’un des cinq piliers de l’islam, est un moment sacré où des millions de musulmans convergent vers La Mecque pour un pèlerinage empreint de spiritualité et de recueillement. Cet événement, symbole d’unité et de foi, est malheureusement devenu une cible pour des réseaux criminels qui exploitent la ferveur religieuse pour dissimuler leurs activités illégales, transformant un acte de dévotion en une opportunité pour le trafic de drogue.
Le 28 mai 2025, l’Agence nationale nigériane de lutte contre la drogue (NDLEA) a marqué un point décisif dans cette lutte en interceptant deux pèlerins nigérians à l’aéroport international Murtala Muhammed de Lagos. Ces individus, en route pour le Hajj, ont été arrêtés après que des agents ont découvert qu’ils transportaient de la cocaïne dissimulée dans leur corps, une technique connue sous le nom de « body-packing ». Cette méthode, bien que dangereuse pour la santé des passeurs, est prisée par les trafiquants pour déjouer les contrôles douaniers. La vigilance accrue des autorités nigérianes, particulièrement en période de forte affluence liée au Hajj, a permis d’empêcher ces suspects de quitter le pays et d’acheminer leur cargaison illicite vers l’Arabie saoudite.
Selon le général Buba Marwa, directeur de la NDLEA, cet incident révèle une stratégie alarmante des réseaux criminels : instrumentaliser les grands rassemblements religieux pour faciliter le trafic international de drogue. L’aéroport de Lagos, l’un des principaux hubs aériens d’Afrique de l’Ouest, est particulièrement vulnérable en raison du volume élevé de voyageurs pendant la saison du Hajj. Les trafiquants misent sur le chaos des départs massifs et sur la confiance des pèlerins pour passer inaperçus. Dans ce cas précis, les deux pèlerins interceptés auraient été recrutés par un réseau bien organisé, qui leur aurait promis un voyage financé ou des récompenses financières en échange de leur rôle de passeurs. Bien que les détails sur leur identité et leurs motivations restent confidentiels, cet incident met en lumière la sophistication croissante des méthodes employées par les criminels.
Ce n’est pas la première fois que de tels stratagèmes sont découverts. En 2023, plusieurs cas similaires avaient secoué le Nigéria : des femmes, souvent issues de milieux vulnérables, avaient été manipulées par des trafiquants. Ces dernières, attirées par des promesses de pèlerinages gratuits, transportaient à leur insu de la cocaïne cachée dans leurs bagages ou leurs vêtements. Ces affaires ont révélé une réalité troublante : les trafiquants exploitent non seulement la logistique du Hajj, mais aussi la bonne foi des pèlerins, transformant des croyants sincères en mules involontaires. Ces tactiques, qui combinent manipulation psychologique et dissimulation ingénieuse, compliquent la tâche des autorités et nécessitent une réponse globale.
Face à cette menace, la NDLEA a intensifié ses efforts pour sécuriser l’aéroport de Lagos et d’autres points de transit majeurs. Des technologies de pointe, telles que des scanners corporels à rayons X et des unités canines spécialisées, sont désormais déployées pour détecter les substances illicites. Les agents reçoivent également des formations avancées pour repérer les comportements suspects et décrypter les nouvelles techniques de dissimulation. Ces mesures, bien que coûteuses, ont déjà porté leurs fruits : au cours des dernières années, des dizaines de tentatives de trafic ont été déjouées, sauvant des vies et protégeant l’intégrité du Hajj. Cependant, le général Marwa insiste sur la nécessité d’aller plus loin, car les réseaux criminels adaptent constamment leurs stratégies pour contourner les contrôles.