Depuis Castel Gandolfo, lors de la prière de l’Angélus, le pape Léon XIV a lancé un appel solennel à la communauté internationale et aux parties en conflit pour une fin immédiate de la guerre à Gaza, qu’il a qualifiée de « barbarie insoutenable ». Cette prise de parole intervient quelques jours après une frappe israélienne ayant visé la seule église catholique de Gaza, causant la mort de trois civils.
« Je demande une fois de plus l’arrêt immédiat de cette barbarie et une résolution pacifique du conflit », a déclaré le Souverain Pontife devant les fidèles rassemblés sur la Piazza della Libertà, au sud de Rome.
Le pape s’est dit profondément bouleversé par la frappe qui a touché l’église de la Sainte Famille à Gaza-ville, une enclave déjà meurtrie par plus de 21 mois de guerre. Selon le patriarcat latin de Jérusalem, trois personnes ont été tuées dans l’enceinte de cette église, qui abrite l’une des dernières communautés chrétiennes de la bande de Gaza.
« Cette attaque s’ajoute à la longue liste de violences infligées aux civils et aux lieux de culte. C’est inacceptable », a ajouté le pape.
Quelques heures avant cette déclaration publique, Léon XIV avait reçu un appel téléphonique du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Lors de cet échange, il a réaffirmé l’urgence absolue de protéger les civils et les sites religieux, qu’ils soient musulmans, juifs ou chrétiens. Le Vatican, habituellement prudent dans ses expressions diplomatiques, a cette fois haussé le ton. Dans un communiqué rare par sa fermeté, il a dénoncé l’attaque de l’armée israélienne, y voyant un point de rupture moral et spirituel.
Le cardinal Pietro Parolin, Secrétaire d’État du Saint-Siège, est allé plus loin en exprimant des doutes sur la nature accidentelle de la frappe. Il a exigé que les résultats de l’enquête promise par Israël soient rendus publics. « Il faut savoir s’il s’agit d’une erreur ou d’un acte délibéré contre une église chrétienne », a-t-il déclaré à la télévision italienne.
Sur le terrain, le patriarche latin de Jérusalem, le cardinal Pierbattista Pizzaballa, s’est rendu en personne à Gaza. Il a rencontré les familles touchées et célébré la messe dans l’église frappée, un acte fort de solidarité et de résistance. « Nous ne sommes pas des cibles. Tout le monde ici croit que ce tir n’était pas accidentel », a-t-il confié au Corriere della Sera.
Depuis le début du conflit, le Saint-Siège a plaidé pour une solution à deux États, une protection internationale de Jérusalem, et le respect des droits humains. Mais l’attaque contre un lieu de culte catholique pourrait marquer un tournant historique dans la position du Vatican vis-à-vis d’Israël.
« Léon XIV adopte désormais un langage clair, juridique et offensif », analyse François Mabille, spécialiste du religieux. Il note une coordination renforcée entre les différents niveaux de l’Église, locale et internationale.
Alors que la chaleur monte dans les chancelleries, certains hauts responsables catholiques n’hésitent plus à employer des mots durs : « Netanyahu agit en tyran », a lancé l’archevêque de Sienne, le cardinal Augusto Paolo Lojudice, dans La Stampa. « À Gaza, nous avons franchi le seuil de la folie. Le mal est à l’œuvre. »