La disparition de la jeune rameuse Feriel Zitouni, engagée avec l’équipe nationale algérienne d’aviron pour les Championnats du monde U23 à Poznan (Pologne), jette une nouvelle ombre sur le sport algérien. À peine arrivée sur le sol polonais, la jeune athlète a pris la fuite, sans avertir ni ses encadreurs, ni ses coéquipiers. Depuis, plus aucune nouvelle. Une situation embarrassante pour la Fédération algérienne d’aviron et, plus largement, pour les instances sportives du pays.
Si l’incident peut paraître isolé, il s’inscrit pourtant dans une tendance bien connue mais rarement assumée : celle des « fugues sportives ». Chaque année, à l’occasion de compétitions internationales — souvent dans des pays européens — des athlètes, souvent jeunes, parfois mineurs, choisissent de ne pas rentrer, espérant trouver ailleurs un avenir plus stable, plus libre, ou simplement plus prometteur que celui offert dans leur pays d’origine.
La décision de Feriel Zitouni, si elle semble préméditée, met en lumière le malaise latent que vivent certains sportifs algériens. Derrière les médailles, les drapeaux et les hymnes joués en compétition, de nombreux jeunes vivent dans un système sportif marqué par des inégalités, un manque de soutien structurel, une instabilité professionnelle et une précarité chronique. La motivation initiale – représenter dignement son pays – peut s’éroder face à l’âpreté du quotidien, aux perspectives d’avenir incertaines, et à l’impression persistante que les sacrifices personnels ne sont ni reconnus ni récompensés.
Cette affaire ne doit pas seulement être traitée comme un énième « cas de fugue ». Elle devrait au contraire pousser les autorités sportives à s’interroger profondément : comment créer les conditions d’un encadrement digne, stable et rassurant pour les jeunes talents ? Comment construire une politique sportive qui donne envie de rester, de s’engager, et non de fuir ?
La fuite de Feriel Zitouni n’est peut-être qu’un symptôme. Mais à travers elle, c’est toute une série de non-dits et de lacunes qui resurgissent, rappelant que l’excellence sportive ne se mesure pas uniquement à l’aune des podiums, mais aussi à la capacité d’un pays à retenir, écouter et valoriser ses athlètes.