La Libye, déjà plongée dans une instabilité politique et sécuritaire depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, voit sa situation économique se compliquer davantage avec la récente suspension des opérations de la Banque centrale de Libye (BCL) en réponse à l’enlèvement de Mossab Msallem, son chef de la direction des technologies de l’information. L’incident, survenu devant le domicile de M. Msallem à Tripoli, a été perpétré par un groupe non identifié, soulignant une fois de plus l’effritement de la sécurité dans le pays.
Cet événement s’inscrit dans un contexte de tensions croissantes autour de la gestion de la Banque centrale, une institution clé dans un pays où le pétrole représente la principale source de revenus. L’incident survient peu après une manifestation armée devant le siège de la BCL, exigeant l’éviction de son gouverneur, Seddik el-Kebir, en poste depuis 2012. Ce dernier fait face à des critiques sévères concernant sa gestion des ressources financières, notamment des recettes pétrolières, dans un environnement où la corruption et le détournement de fonds sont monnaie courante.
L’enlèvement de Mossab Msallem et les menaces contre d’autres employés de la BCL soulignent la vulnérabilité des institutions libyennes, même celles considérées comme vitales pour le maintien de la stabilité économique. La suspension des opérations de la Banque centrale pourrait avoir des répercussions graves sur l’économie du pays, en interrompant les flux financiers nécessaires au fonctionnement de l’État et des entreprises.
De plus, cette situation expose les profondes divisions au sein du pays, avec deux gouvernements rivaux se disputant le contrôle des institutions nationales. Le Gouvernement d’union nationale (GNU), basé à Tripoli et reconnu par l’ONU, se retrouve ainsi en confrontation directe avec les forces de l’Est, dirigées par le maréchal Khalifa Haftar, accentuant la fragmentation du pouvoir en Libye.
L’implication des acteurs internationaux, comme les États-Unis, témoigne de l’importance de la stabilité de la BCL pour la Libye mais aussi pour les partenaires étrangers. L’envoyé spécial américain, Richard Norland, a clairement exprimé l’inquiétude de la communauté internationale face aux menaces pesant sur la Banque centrale, avertissant que toute éviction forcée de Seddik el-Kebir pourrait isoler encore davantage la Libye des marchés financiers internationaux.
L’enlèvement de Mossab Msallem dépasse le simple acte de violence ; il met en évidence les luttes de pouvoir qui minent les institutions libyennes et souligne les énormes défis économiques auxquels le pays est confronté. Sans une stabilisation politique, la Libye restera vulnérable aux conséquences de ces conflits internes, compromettant sa capacité à se redresser économiquement.