Le Liban se prépare à transférer l’opposant égyptien Abdul Rahman al-Qaradawi aux Émirats arabes unis (EAU) dans les prochains jours, une décision qui soulève de vives inquiétudes parmi les défenseurs des droits humains. Son avocat, Mohammad Sablouh, a affirmé que cette extradition violerait plusieurs normes du droit international, en particulier la Convention des Nations Unies contre la torture, à laquelle le Liban est signataire.
Selon Sablouh, la demande des Émirats pour l’extradition d’al-Qaradawi n’a aucun fondement légal, car ce dernier n’est pas citoyen des Émirats et n’a commis aucun crime au Liban. Il insiste sur le fait qu’une telle extradition serait illégale en l’absence d’un mandat d’arrêt international ou d’une décision judiciaire libanaise justifiant ce transfert.
Arrêté le 28 décembre 2024 au poste-frontière de Masnaa entre la Syrie et le Liban, Abdul Rahman al-Qaradawi fait l’objet d’un mandat d’arrêt émis par l’Égypte, où il a été condamné par contumace à cinq ans de prison pour « opposition à l’État » et « incitation au terrorisme ». Ces accusations sont liées à un article publié par al-Qaradawi en 2012.
Âgé de 53 ans, al-Qaradawi est un poète et écrivain réputé, et le fils du défunt érudit Yusuf al-Qaradawi, figure spirituelle des Frères musulmans. Opposant historique aux régimes autoritaires en Égypte, il a critiqué l’ancien président Hosni Moubarak ainsi que l’actuel dirigeant Abdel Fattah al-Sissi, arrivé au pouvoir après le coup d’État de 2013.
Son avocat alerte sur les risques qu’il encourrait si son extradition était acceptée, notamment des traitements inhumains et de la torture en Égypte, un pays régulièrement dénoncé par des organisations de défense des droits humains telles qu’Amnesty International pour ses pratiques à l’égard des prisonniers politiques.
La famille d’Abdul Rahman al-Qaradawi a lancé un appel urgent au Premier ministre libanais, Najib Mikati, pour qu’il intervienne afin d’éviter l’extradition de leur proche vers l’Égypte. Les défenseurs des droits humains insistent sur le fait que le Liban, en tant que signataire de la Convention des Nations Unies contre la torture, a l’obligation de respecter le principe de non-refoulement, qui interdit l’extradition de toute personne vers un pays où elle risque de subir des mauvais traitements. Al-Qaradawi, en tant qu’opposant politique au régime égyptien, serait particulièrement vulnérable à des conditions de détention sévères, voire à des tortures en Égypte, un pays régulièrement critiqué pour son traitement des détenus politiques.