Le 30 mai 2025, la ville d’El-Obeid, capitale de l’État du Kordofan-Nord au Soudan, a été frappée par un bombardement attribué aux Forces de soutien rapide (FSR), un groupe paramilitaire en guerre contre l’armée régulière depuis avril 2023. L’attaque a visé des quartiers résidentiels et deux établissements hospitaliers, l’hôpital de l’Assurance sociale et l’hôpital militaire, faisant six morts et plusieurs blessés parmi les civils.
Les bombardements de vendredi ont touché deux hôpitaux, dont l’hôpital international d’Obeid, causant la mort d’au moins six civils et faisant une quinzaine de blessés. Les structures médicales, déjà fragilisées par la guerre, ont été gravement endommagées, contraignant à la suspension des services hospitaliers, au moment où la crise sanitaire s’aggrave dans toute la région.
Le conflit au Soudan oppose depuis plus de deux ans les Forces armées soudanaises (SAF), sous le commandement du général Abdel Fattah al-Burhane, aux paramilitaires des FSR, dirigés par Mohamed Hamdan Daglo, surnommé « Hemedti ». El-Obeid, point stratégique sur la route d’approvisionnement militaire vers l’ouest du pays, a été assiégée par les FSR pendant près de deux ans avant d’être reprise par l’armée en février 2025. Malgré cette victoire, les combats se poursuivent, les FSR multipliant bombardements et attaques ciblées contre la population civile et les infrastructures.
Par ailleurs, une grave épidémie de choléra sévit dans le pays. Depuis août 2024, plus de 65 000 cas suspects ont été recensés, avec au moins 1 700 décès. Le seul État de Khartoum a enregistré plus de 7 700 cas et 185 décès, dont une majorité d’enfants de moins de cinq ans. Cette épidémie, amplifiée par l’effondrement des services de santé et la destruction des réseaux d’approvisionnement en eau, met des millions de personnes en danger.
Jean-Nicolas Armstrong Dangelser, coordinateur d’urgence de Médecins sans frontières au Soudan, a alerté sur la gravité de la situation : « Le Soudan a besoin d’urgence d’une augmentation de l’aide pour lutter contre l’épidémie de choléra, qui atteint plus de mille cas par jour. » Il souligne également que les combats, notamment dans le district d’al-Salha près d’Ondurman, ont favorisé la propagation de la maladie.
El-Fasher, capitale de l’État du Darfour, reste l’un des derniers bastions sous contrôle de l’armée dans cette vaste région en proie à la violence depuis plusieurs années. Depuis mai 2024, la ville est le théâtre de combats d’usure entre les Forces armées soudanaises et les FSR. Elle constitue une plaque tournante humanitaire cruciale pour les cinq États du Darfour. Cependant, les hostilités continuent de menacer cette zone stratégique, compromettant davantage la stabilité et la sécurité des populations civiles.
Le bombardement d’hôpitaux et de quartiers résidentiels, en violation flagrante du droit international humanitaire, illustre la brutalité et la complexité du conflit soudanais. La communauté internationale exhorte à un cessez-le-feu immédiat et à la reprise des négociations politiques pour mettre fin à cette guerre dévastatrice.
Les combats obligent des millions de Soudanais à fuir vers les pays voisins. Vendredi dernier, un accident tragique dans le désert libyen a coûté la vie à onze réfugiés soudanais et un chauffeur libyen, soulignant les risques mortels auxquels sont confrontés ceux qui tentent d’échapper à la guerre.