Benghazi, 15 juillet 2025 – Plus d’une centaine de migrants, dont cinq femmes, ont été libérés dans l’est de la Libye après avoir été retenus en captivité par un réseau criminel. Ces derniers exigeaient des rançons en échange de leur libération, selon un communiqué publié lundi par le procureur général libyen.
Le groupe de migrants était détenu dans un entrepôt à Ajdabiya, à environ 160 km au sud de Benghazi. Les victimes ont été séquestrées, torturées et privées de liberté par un gang opérant dans le trafic d’êtres humains, une activité qui prospère dans le chaos sécuritaire libyen.
« Ce groupe criminel organisait le trafic, détenait les migrants contre leur gré et les soumettait à des violences physiques afin de contraindre leurs familles à payer des rançons », a déclaré le bureau du procureur.
Les autorités ont annoncé l’arrestation de cinq trafiquants présumés, de nationalités libyenne, soudanaise et égyptienne. Des preuves visuelles ont été extraites des téléphones des suspects, montrant des migrants menottés aux mains et aux pieds, présentant des signes évidents de coups.
Des photos ont été publiées par la Direction de la sécurité d’Ajdabiya et le parquet général sur leurs pages Facebook, renforçant la gravité des accusations portées contre les trafiquants.
La Libye reste un point de passage majeur pour des dizaines de milliers de migrants africains et asiatiques tentant de rejoindre l’Europe. Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, le pays est devenu un terrain fertile pour les réseaux de passeurs, exploitant les plus vulnérables.
Les autorités libyennes ont déjà mis au jour plusieurs fosses communes ces derniers mois. En février dernier, au moins 28 corps de migrants avaient été retrouvés dans le désert près de Koufra, dans le sud du pays. D’autres charniers avaient été signalés à Jikharra, dans la région sud-est, révélant l’ampleur des abus infligés par les trafiquants.
Pressions diplomatiques sur le dossier migratoire
Alors que la communauté internationale tente de contenir cette crise, une réunion de haut niveau s’est tenue récemment à Tripoli entre le commissaire européen aux migrations et les ministres de l’Intérieur italien, grec et maltais, autour du Premier ministre libyen Abdulhamid Dbeibah. Objectif : renforcer la coopération pour freiner les flux migratoires et mieux protéger les droits fondamentaux des personnes en transit.
Selon les chiffres publiés par l’ONU en mai, environ 825 000 migrants originaires de 47 pays étaient présents sur le sol libyen en décembre 2024. La majorité d’entre eux vivent dans des conditions précaires et dangereuses, souvent à la merci de groupes armés ou de trafiquants.
La libération de ces 100 migrants est un soulagement, mais elle rappelle surtout l’urgence de briser les réseaux de traite humaine qui prospèrent dans le vide institutionnel libyen. La communauté internationale est plus que jamais appelée à renforcer la protection des migrants et à garantir que de tels crimes ne restent pas impunis.