Alors que le monde entier cherche à se libérer de la dépendance au plastique et à réduire l’empreinte écologique de l’industrie agroalimentaire, l’Algérie continue de s’enliser dans un modèle dépassé, coûteux et polluant. C’est le constat sans détour dressé par le professeur Arezki Chenane, économiste à l’Université de Tizi Ouzou, lors de son passage à la Radio nationale. Un constat qui, s’il révèle des opportunités de transformation, met surtout en lumière les carences structurelles et les retards accablants d’une filière pourtant stratégique.
Avec près de 11 millions de tonnes de plastique importées chaque année – dont seulement 10 % sont recyclées – l’Algérie affiche un modèle économique aberrant, à la fois écologiquement destructeur et économiquement absurde. Le conditionnement, qui représente jusqu’à 40 % du coût total d’un produit, continue d’être ignoré dans les politiques publiques, alors qu’il devrait être au cœur d’une stratégie de modernisation et d’exportation.
Pire encore, 20 % de ces plastiques finissent en déchets toxiques, difficilement éliminables, étouffant littéralement l’environnement algérien. Et pourtant, malgré l’existence d’un système de gestion des déchets instauré en 2004, rien ou presque n’a été fait pour en faire un outil efficace de l’économie circulaire.
Le professeur Chenane plaide pour une rupture claire avec cette inertie : recours massif aux matériaux biodégradables, renforcement du recyclage, développement d’une filière nationale de packaging durable. Mais face à l’indifférence des pouvoirs publics et à l’absence d’engagement industriel réel, ses appels résonnent comme des cris dans le vide.
Alors que les ambitions d’exportation agroalimentaire sont sans cesse répétées dans les discours officiels, la réalité est que sans emballage aux normes, respectueux de l’environnement et compétitif, aucun produit algérien ne pourra sérieusement prétendre aux marchés internationaux.
Ce n’est plus d’une prise de conscience dont le pays a besoin, mais d’actes concrets, courageux et durables, loin du greenwashing institutionnel. Le temps des diagnostics est révolu : l’heure est à la responsabilité.