La tension monte entre la Turquie et l’Union européenne en raison de la prospection en Méditerranée orientale à la recherche de réserves de gaz. Le dernier épisode présente des exercices militaires conjoints menés par la France, l’Italie, la Grèce et Chypre dans la région, dans ce qui est interprété comme une démonstration de force devant Ankara qui avait envoyé le navire Oruc Reis pour mener des enquêtes sismiques. Ce qui explique la nouvelle étape de la confrontation entre la Turquie et l’UE, l’accès aux importants gisements de gaz découverts dans ces eaux.
A la côté européen, c’est la France qui s’est imposée comme le partenaire le plus belliqueux aux côtés de la Grèce, dans cette confrontation avec la Turquie; des tensions qu’Emmanuel Macron multiplie sur tous les fronts, que ce soit la Méditerranée orientale, la Libye ou l’OTAN. Hier, la ministre française de la Défense, Florence Parly, a lancé son avertissement en annonçant les manœuvres militaires. «La Méditerranée orientale se transforme en une zone de tension. Le respect du droit international doit être la règle et non l’exception. Avec nos partenaires chypriotes, grecs et italiens, nous entreprenons aujourd’hui un exercice militaire avec des moyens aériens et maritimes », a écrit le ministre sur Twitter, ajoutant que la Méditerranée orientale ne peut être« un terrain de jeu pour les ambitions de certains.
le ministère grec de la Défense a indiqué que ces manœuvres des quatre pays répondent à la montée des tensions dans la région en raison des conflits prolongés. « Ces tensions sont aggravées par la découverte de ressources naturelles dans la mer, une situation qui a conduit à des violations répétées de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (Unclos) ainsi que du droit international », a déclaré Athènes dans une déclaration. Il s’agit de la version grecque, soutenue par toute l’Union européenne, qui considère les prospections turques dans ces eaux comme une ingérence illégale.
Ce n’est pas la vision que la Turquie maintient, qui considère qu’il est vital de participer à l’exploitation du gaz et qui manœuvre pour y parvenir. Hier, son président a prononcé un discours qui peut être lu en réponse à ces manœuvres militaires. Recep Tayyip Erdogan a souligné qu’il n’abandonnerait pas ses objectifs et a averti la Grèce de ne pas faire d’erreur: « Nous ne ferons aucune concession sur ce qui nous appartient … nous invitons nos homologues à éviter toute erreur qui ouvrirait la porte à leur ruine ».
« Nous ne ferons aucune concession sur ce qui nous appartient … Une erreur ouvrirait la porte à leur ruine », déclare Erdogan.
Les manœuvres des quatre pays européens durent jusqu’à vendredi et la France participe avec une frégate, trois chasseurs Rafale et un hélicoptère. La France s’est tournée en faveur de la Grèce et de Chypre dans le différend sur les réserves de gaz naturel de cette eau et a demandé le soutien de l’ensemble de l’Union européenne.
Précisément aujourd’hui et demain, les ministres des Affaires étrangères de l’UE aborderont la relation complexe avec la Turquie et les sanctions sont l’une des possibilités qu’ils gèrent. Josep Borrell, haut représentant de l’UE, a déclaré hier que je présenterais aux ministres « un large éventail d’options ». Des sources européennes ont précisé qu’«il y a plus d’options que de simples sanctions. Nous allons mettre toute la relation avec la Turquie sur la table, pas isoler la question de la Méditerranée orientale, mais aussi ce que fait la Turquie en Libye, la migration, tout est sur la table ».
Plus tôt cette semaine, la ministre allemande des Affaires étrangères, Heiko Maas, s’est rendue à Athènes et à Ankara pour tenter de servir de médiateur entre les deux pays. L’Allemagne, qui assure la présidence tournante de l’UE ce semestre, cherche à désamorcer les tensions. Dans ce cas précis, un axe franco-allemand ne s’articule pas, mais plutôt une Allemagne qui, dans son rôle de présidence, tente de jouer un rôle de médiateur, alors que la France est le pays le plus belliqueux contre l’action turque. La ministre allemande de la Défense, Annegret Kramp-Karrenbauer, a reconnu qu’il existe une « situation très tendue qui, selon beaucoup, pourrait conduire à une escalade indésirable ».
Pour leur part, certains analystes mettent en évidence les divisions internes des pays européens sur la manière de gérer la crise. «Une succession d’incidents militaires dangereux entre la Turquie, la France et la Grèce ont augmenté le risque de conflit dans la région. Mais les gouvernements européens sont divisés sur la façon de traiter Ankara ».