Brasilia, 16 juillet 2025 – L’ancien président brésilien Jair Bolsonaro est désormais au cœur d’un procès d’une ampleur inédite dans l’histoire récente du Brésil. Le parquet fédéral a officiellement demandé, mardi, sa condamnation pour tentative de coup d’État et participation à une organisation criminelle ayant cherché à saboter le processus démocratique. Une accusation grave, susceptible de lui valoir jusqu’à quarante années de prison.
Selon le ministère public, Jair Bolsonaro aurait orchestré, avec sept de ses anciens proches collaborateurs, un plan visant à se maintenir illégalement au pouvoir à l’issue de l’élection présidentielle d’octobre 2022, remportée par son rival, Luiz Inácio Lula da Silva. Les procureurs affirment que le groupe s’est livré à une « tentative concertée de perturbation violente de l’ordre constitutionnel », mobilisant les institutions de l’État, des campagnes de désinformation, ainsi que des pressions sur les militaires.
Le parquet décrit Bolsonaro comme le « chef d’une organisation criminelle » cherchant à « abolir l’État démocratique » par des moyens anticonstitutionnels. La tentative de déstabilisation aurait culminé avec les événements du 8 janvier 2023, date à laquelle des partisans de l’ex-président ont envahi les sièges des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire à Brasilia.
Jair Bolsonaro nie en bloc. Dans une déclaration à un média local, il dénonce une « persécution politique » et affirme : « Ils ne veulent pas seulement m’emprisonner, ils veulent me réduire au silence ». Il continue de clamer son innocence, évoquant un simple « dispositif constitutionnel » envisagé pour contester les résultats électoraux, sans jamais avoir franchi la ligne rouge de l’insurrection.
Déclaré inéligible jusqu’en 2030 pour avoir diffusé de fausses informations sur le système de vote électronique, l’ancien président accuse ses adversaires de vouloir l’empêcher de se représenter en 2026.
L’affaire a pris un tour international après l’intervention de Donald Trump, soutien de longue date de Bolsonaro, qui a qualifié le procès de « chasse aux sorcières ». En réaction, les États-Unis ont annoncé des droits de douane de 50 % sur les produits brésiliens, applicables dès le 1er août, tout en lançant une enquête sur les pratiques commerciales de Brasilia.
Le président brésilien Lula da Silva a dénoncé une « ingérence inacceptable » dans la justice brésilienne et averti que des mesures de rétorsion pourraient être prises si les pressions américaines se confirmaient. « La souveraineté de nos institutions ne saurait être négociable », a-t-il affirmé, tout en annonçant l’ouverture de négociations diplomatiques.
C’est désormais à la Cour suprême, et plus précisément au juge Alexandre de Moraes – cible de critiques virulentes de l’opposition conservatrice – qu’il revient de trancher. Celui-ci, déjà en charge de plusieurs affaires sensibles liées à l’extrême droite brésilienne, pourrait se retrouver une fois de plus au centre d’une tempête politique et judiciaire.
Outre Bolsonaro, plusieurs hauts responsables de son ancien gouvernement sont également visés par la procédure. Le parquet demande leur condamnation pour « organisation criminelle armée », « tentative d’abolition de l’ordre démocratique », et « atteinte aux biens publics ».