Une attaque de drone a visé mercredi une base militaire située dans l’est du Soudan, une région jusque-là épargnée par la guerre qui ravage le pays depuis plus de quinze mois. Cette attaque a eu lieu pendant la visite du général Abdel Fattah al-Burhan, chef des forces armées soudanaises, qui assistait à une cérémonie de remise de diplômes à Gebit, à environ 100 kilomètres de Port-Soudan.
Selon les témoignages, l’attaque a causé la mort de cinq personnes et a perturbé la cérémonie, obligeant le général Burhan à quitter les lieux. La télévision soudanaise a interrompu la diffusion en direct de l’événement pendant une quinzaine de minutes, accentuant l’impact dramatique de cette attaque. Le général Burhan, indemne, a ensuite déclaré : « Nous ne reculerons pas, nous ne nous rendrons pas, et nous ne négocierons pas. Nous n’avons pas peur des drones. »
Le Soudan est plongé dans un conflit depuis avril 2023, opposant l’armée nationale aux Forces de soutien rapide (FSR) dirigées par le général Mohammed Hamdane Daglo, ancien allié du général Burhan. Ce conflit a déjà fait des dizaines de milliers de morts et engendré une crise humanitaire d’une ampleur considérable. Les FSR contrôlent actuellement la majeure partie de Khartoum, ainsi que des régions clés comme l’État d’al-Jazira, le Darfour et le Kordofan.
L’attaque de drone à Gebit est la première de ce genre dans l’État de la mer Rouge, une zone où le gouvernement et l’ONU ont établi leurs bases d’opérations. Cette incursion marque une nouvelle étape dans l’escalade du conflit, les paramilitaires ayant récemment réalisé des avancées significatives dans le sud-est du pays, notamment en s’emparant de bases militaires dans l’État du Sennar.
Au Darfour, les FSR assiègent la ville d’el-Facher, exposant des centaines de milliers de civils à des conditions extrêmes de famine et de soif. Entre samedi et lundi, des bombardements ont tué soixante-cinq personnes, majoritairement des enfants, dans cette région, selon les comités locaux d’entraide.
Le conflit a forcé plus de onze millions de personnes à fuir leurs foyers, créant une crise humanitaire majeure. Les deux camps ont été accusés de crimes de guerre pour avoir ciblé délibérément des civils et entravé l’aide humanitaire.
Malgré l’urgence humanitaire, les tentatives de négociations ont jusqu’à présent échoué. Le ministère soudanais des Affaires étrangères a récemment exprimé le besoin de « plus de discussions » avant de participer aux pourparlers de paix proposés par Washington, prévus en août à Genève. Les cycles de négociations précédents, menés à Jeddah, en Arabie saoudite, n’ont pas abouti à des résultats concrets.
L’attaque de drone visant une base militaire lors de la visite du général Burhan souligne la gravité et la complexité du conflit soudanais. Alors que les combats s’intensifient et que la situation humanitaire se détériore, la communauté internationale doit redoubler d’efforts pour encourager un cessez-le-feu durable et garantir la protection des civils pris au piège dans cette guerre dévastatrice.