Les marchés pétroliers démarrent la semaine dans la tourmente. Ce lundi 5 mai, les cours du brut ont lourdement chuté, provoquant une onde de choc sur les places financières. En cause : la décision de l’OPEP+ d’intensifier sa stratégie d’augmentation de la production dès le mois de juin, une annonce perçue comme un risque majeur d’excédent d’offre face à une demande mondiale fragilisée.
Dès l’ouverture des marchés, le baril de Brent — référence mondiale — a perdu 4,27 %, tombant à 55,80 dollars. De son côté, le West Texas Intermediate (WTI), référence américaine, a reculé de 3,9 % à 58,90 dollars. Ces pertes surviennent après un mois d’avril déjà noir pour le secteur, avec la plus forte baisse mensuelle des prix depuis 2021.
Sous l’impulsion de l’Arabie saoudite, le cartel pétrolier a annoncé samedi une augmentation de 411 000 barils par jour en juin, s’ajoutant à une hausse équivalente décidée pour mai. En deux mois, plus de 800 000 barils/jour auront été injectés sur le marché. Un coup d’accélérateur inattendu, largement supérieur aux prévisions de Goldman Sachs, qui anticipait une hausse plus modeste de 140 000 barils/jour.
Officiellement, l’OPEP+ cherche à profiter d’une reprise économique attendue et à reprendre des parts de marché. Mais pour de nombreux observateurs, cette stratégie agressive pourrait accentuer un déséquilibre déjà criant entre l’offre et la demande.
Cette décision survient alors que l’économie mondiale fait face à de nouvelles incertitudes. Le retour des mesures protectionnistes aux États-Unis, impulsées par le président Donald Trump, fait planer la menace d’une récession globale. Ce contexte alimente la crainte d’une chute durable de la consommation énergétique, en particulier dans les économies émergentes.
De plus, les tensions géopolitiques au Moyen-Orient et l’instabilité économique au Mexique viennent renforcer la volatilité des marchés, déjà méfiants face à une politique de production aussi expansive.
Les conséquences ne se sont pas fait attendre. Les géants pétroliers comme Chevron et ExxonMobil ont annoncé des résultats en fort repli au premier trimestre, pénalisés par la baisse des prix. Du côté des services pétroliers, Baker Hughes et SLB anticipent une réduction des investissements dans l’exploration et la production.
« Le marché pétrolier s’oriente vers un excédent structurel, aggravé par des tensions commerciales, une faible demande en Arabie saoudite et l’incertitude politique en Amérique latine », a résumé Lorenzo Simonelli, PDG de Baker Hughes, lors d’une conférence téléphonique fin avril.
Les analystes revoient leurs prévisions. Selon Goldman Sachs, le WTI devrait se stabiliser en moyenne à 59 dollars le baril cette année, tandis que le Brent oscillerait autour de 63 dollars, bien loin des espoirs affichés en début d’année.
L’OPEP+ semble jouer une carte risquée : stimuler l’offre dans un contexte où la demande peine à suivre. Sans un rééquilibrage rapide, le monde pétrolier pourrait s’enliser dans une spirale baissière, mettant à mal la rentabilité des producteurs et l’équilibre des marchés mondiaux.