Dans une opération diplomatique rare et délicate, le Salvador a libéré vendredi plusieurs dizaines de migrants vénézuéliens détenus dans une prison de haute sécurité du pays, suite à un accord d’échange conclu avec les autorités américaines. Ces migrants, expulsés des États-Unis et accusés par Washington d’appartenir au groupe criminel « Tren de Aragua », avaient été incarcérés sans procès dans le centre de confinement du terrorisme (Cecot), une méga-prison salvadorienne destinée aux membres de gangs.
Cet échange intervient alors que dix détenus américains incarcérés au Venezuela ont été libérés, marquant un tournant dans les relations tendues entre Caracas et Washington. Marco Rubio, secrétaire d’État américain, a confirmé la libération des prisonniers américains, tout en précisant que des prisonniers politiques vénézuéliens seraient également libérés dans le cadre de cet accord.
À leur arrivée au Venezuela, les migrants vénézuéliens ont été accueillis par des responsables gouvernementaux, dont Diosdado Cabello, ministre vénézuélien des relations intérieures, de la justice et de la paix. Ce dernier a dénoncé la détention prolongée et sans jugement des migrants, saluant cet accord comme une victoire diplomatique importante pour son pays. Parmi les rapatriés, sept enfants séparés de leurs parents lors des expulsions ont également retrouvé leurs familles, mettant fin à une situation dénoncée comme une « séquestration » par les autorités vénézuéliennes.
Ce geste de réciprocité marque un rare épisode de coopération entre deux pays souvent en opposition sur la scène internationale. Le président vénézuélien Nicolas Maduro a exprimé sa gratitude envers l’administration américaine, soulignant que cet échange met un terme à une situation « totalement irrégulière » et douloureuse pour les familles concernées.
De son côté, le président salvadorien Nayib Bukele a indiqué avoir remis à Caracas tous les citoyens vénézuéliens détenus sur son sol, tout en rappelant l’accusation portée contre eux d’appartenance à une organisation criminelle. Cette opération souligne la complexité et la sensibilité des enjeux migratoires dans la région, exacerbés par des tensions politiques et sécuritaires.
Depuis février, plus de 8 200 Vénézuéliens ont été rapatriés des États-Unis et du Mexique vers leur pays d’origine, dans un contexte marqué par des flux migratoires massifs dus à la crise économique et sociale persistante au Venezuela. Les séparations familiales et les conditions de détention dans les centres de confinement ont suscité de nombreuses critiques de la part des organisations de défense des droits humains.