Dublin, Irlande – Le 25 octobre 2025, Catherine Connolly, candidate indépendante de gauche âgée de 68 ans, a remporté l’élection présidentielle irlandaise avec 63 % des voix, distançant largement sa rivale centriste Heather Humphreys (Fine Gael), qui a recueilli 29,5 %. Soutenue par une coalition progressiste incluant le Sinn Féin, les sociaux-démocrates et le Parti travailliste, Connolly incarne une rupture profonde avec l’establishment politique irlandais. Cette victoire, portée par un électorat jeune et désabusé, traduit un désir d’une Irlande plus juste, souveraine et fidèle à sa tradition de neutralité.
Ancienne avocate et députée de Galway depuis 2016, Connolly a construit sa campagne sur un rejet des politiques traditionnelles des partis historiques Fine Gael et Fianna Fáil. Les sondages pré-électoraux la donnaient déjà favorite, avec environ 40 % des intentions de vote contre 20 à 25 % pour Humphreys. Sa popularité, amplifiée par des vidéos virales sur les réseaux sociaux, a captivé les jeunes électeurs confrontés à la crise du logement et à la hausse du coût de la vie. « Les Irlandais veulent une république débarrassée des inégalités, fidèle à notre neutralité », a-t-elle déclaré dans son discours d’acceptation, promettant d’être une « présidente pour tous, en particulier ceux qui sont souvent exclus et réduits au silence ».
L’élection, marquée par une faible participation et un nombre significatif de votes nuls, a révélé les fractures de la société irlandaise. Les conservateurs, sous-représentés, ont exprimé leur frustration, tandis que le retrait tardif de Jim Gavin, candidat du Fianna Fáil impliqué dans un scandale financier datant de 2009, a renforcé la polarisation. Bien que retiré, Gavin a obtenu 7 % des suffrages, son nom restant sur les bulletins.
Connolly s’est distinguée par des positions audacieuses, souvent controversées. Critique virulente de l’Union européenne et de l’OTAN, elle dénonce la « militarisation » de l’UE et défend la neutralité irlandaise. Sa condamnation du « génocide » à Gaza et son soutien à la cause palestinienne, bien qu’applaudis par une partie de l’électorat, ont suscité des critiques. En septembre 2025, le Premier ministre Micheál Martin l’a accusée de ne pas condamner clairement les actions du Hamas lors de l’attaque du 7 octobre 2023 contre Israël. Connolly a répondu en « condamnant totalement » ces actes, tout en maintenant sa critique d’Israël pour ses opérations à Gaza. Ses opposants l’accusent de risquer d’aliéner des alliés clés comme les États-Unis et l’UE, tandis que ses partisans, comme Oisin Woods, un électeur dublinois de 35 ans, saluent son courage : « Elle dit ce que beaucoup pensent mais n’osent pas exprimer. »
Connolly prône également la réunification de l’Irlande, une position audacieuse dans un contexte de sensibilités historiques. Sur le plan interne, elle attribue la crise du logement à des décennies de politiques néolibérales, s’opposant ainsi directement à la coalition au pouvoir.
Heather Humphreys, 64 ans, ancienne ministre des Arts, des Entreprises et du Développement rural, représentait l’expérience et la continuité. Élue au Parlement de 2011 à 2024, elle s’est présentée comme une candidate pro-UE, favorable aux entreprises et cherchant à « bâtir des ponts » avec l’Irlande du Nord. « Je suis centriste, comme la plupart des Irlandais », a-t-elle déclaré lors du débat télévisé du 22 octobre 2025. Soutenue par Martin et trois anciens vice-Premiers ministres, elle a toutefois été critiquée par Connolly pour incarner « la même chose » que les gouvernements précédents. Malgré son expérience, Humphreys n’a pas su contrer l’élan de Connolly, concédant sa défaite samedi après-midi : « Catherine sera la présidente de nous tous, et je lui souhaite le meilleur. »
Bien que le rôle du président irlandais soit principalement honorifique – signant les lois, nommant le Premier ministre après un vote parlementaire et représentant le pays à l’international –, Connolly pourrait en faire une tribune pour ses idées. « Elle sera une présidente qui donne de la voix, pas seulement un symbole », prédit Fiona Kelly, analyste à Trinity College. Sa popularité auprès des jeunes, son passé militant – issue d’une famille modeste de quatorze enfants, ancienne maire de Galway et parlant couramment le gaélique – et son discours anti-establishment pourraient catalyser des débats sur la réunification, la justice sociale et la neutralité.
Des critiques, notamment sur son passé d’avocate représentant des banques dans des saisies immobilières, ont émergé, mais Connolly a su les écarter en mettant en avant son engagement pour l’égalité. « Ce sera un privilège de vous servir », a-t-elle assuré, promettant un mandat inclusif.



























