Au Nigéria, des centaines d’étudiants sont rentrés chez eux, Vendredi 18 décembre, après avoir été libéré par les militants de Boko Haram qui les avaient kidnappés il y a une semaine dans l’état nord-est de Katsina.
Les garçons, vêtus de vêtements sales et poussiéreux, avaient l’air stupéfaits et fatigués mais en bonne santé. Les médias les ont photographiés alors qu’ils descendaient des bus dans la ville de Katsina et se dirigeaient vers un bâtiment gouvernemental. L’un d’eux, qui n’a pas donné son nom, a affirmé que les ravisseurs lui avaient demandé de les décrire comme des membres du groupe islamiste de Boko Haram. Cependant, certains soupçonnent qu’il ne s’agit que de bandits armés. «Ils nous ont battus matin et soir. Nous avons beaucoup souffert. Ils ne nous ont nourris qu’une fois par jour et de l’eau deux fois par jour », a déclaré l’un des garçons.
Le 12 décembre, un groupe d’hommes armés à motocyclette a fait irruption dans l’école secondaire scientifique du gouvernement de la ville de Kankara et a enlevé quelque 333 élèves. Les services de sécurité nigérians les ont secourus jeudi 17 décembre, comme précisé par les autorités. D’autres détails sur l’incident restent encore flous, notamment l’identité des responsables et si une rançon a été payée ou non. Quelques heures avant l’annonce du sauvetage des garçons, une vidéo avait commencé à circuler en ligne montrant des militants présumés de Boko Haram avec certains des garçons.
L’enlèvement a ramené le pays dans le chaos, déjà secoué par une insécurité généralisée, et a rappelé les souvenirs de l’enlèvement, en 2014, par Boko Haram, de plus de 270 étudiants de la ville du nord-est de Chibok. Six ans plus tard, seulement la moitié des filles ont été retrouvées ou relâchées. Certains, d’après ce que l’on sait de l’affaire, étaient mariés aux combattants, tandis que d’autres auraient été tués.
les garçons de l’école secondaire des sciences du gouvernement ont marché en file indienne, flanqués de soldats et de policiers armés, jusqu’au bâtiment du gouvernement pour rencontrer le gouverneur de Katsina. Plus tard, ils ont été ramenés dans les bus et envoyés à l’hôpital pour des contrôles médicaux. «Ils doivent récupérer psychologiquement», a déclaré l’un des parents. «Ils ont subi un traumatisme. Nous devons essayer de rester proches d’eux pour qu’ils puissent reprendre leur vie normale », a-t-il ajouté.
L’enlèvement a eu lieu dans l’État d’origine du président nigérian Muhammadu Buhari, qui était en visite dans la région lorsque l’attaque a eu lieu. Buhari a déclaré avoir félicité le gouverneur régional de l’État et l’armée dans un court extrait d’une interview publiée sur son compte Twitter. Le président a fait de la lutte contre Boko Haram une priorité, mais la situation sécuritaire dans le nord du pays s’est aggravée depuis sa nomination en 2015.
De son côté, le ministre de l’Information, Lai Mohammed, a déclaré aux journalistes que l’incident était « totalement inacceptable ». «Nos enfants ne devraient pas aller à l’école avec inquiétude. Le gouvernement fédéral fait tout son possible pour protéger nos écoles et tous les Nigérians », a déclaré le ministre lors d’une conférence de presse dans la capitale, Abuja.
Le nord-est du Nigéria est ravagé par une longue insurrection rebelle qui dure depuis au moins une décennie. Le rapport national 2019 du gouvernement américain sur le terrorisme a déclaré qu’au Nigéria, les militants de Boko Haram et de l’État islamique dans la province de l’Afrique de l’Ouest constituent une menace essentielle pour la sécurité du pays et les terroristes continuent de mener de nombreuses attaques contre des civils et gouvernement et forces de sécurité.
Boko Haram est un groupe fondamentaliste nigérian qui a tué plus de 35000 personnes depuis le début de ses offensives en 2009. La révolte, qui a débuté dans le nord-est du Nigéria, s’est étendue au Cameroun, au Niger et au Tchad, provoquant une grave crise humanitaire dans toute la région. Pour combattre les rebelles, les quatre États ont créé la Force opérationnelle interarmées multinationale (MNJTF) susmentionnée en avril 2012. ISWAP, d’autre part, est une faction sécessionniste de Boko Haram qui, en 2016, a prêté allégeance à Daech.