Selon un rapport de Médecins Sans Frontières (MSF), le groupe paramilitaire soudanais des Forces de Soutien Rapide (RSF) a ciblé le dernier hôpital en activité dans la région du Darfour. La RSF a attaqué l’Hôpital Sud à el-Fasher, capitale de la province du Darfour-Nord, entraînant sa fermeture suite à des tirs sur le personnel médical et les patients, ainsi qu’au pillage du site.
Le chef des opérations d’urgence de MSF, Michel Lacharite, a dénoncé l’ouverture du feu à l’intérieur de l’hôpital comme un acte scandaleux, soulignant que cela dépassait les limites, même dans un contexte de conflit prolongé.
La guerre au Soudan, débutée en avril 2023 entre les Forces Armées Soudanaises (FAS) et les RSF, a entraîné la plus grande crise de déplacement dans le monde, avec un nombre estimé à au moins 15 500 morts, selon les Nations Unies.
El-Fasher, dernier bastion des FAS au Darfour, est crucial car la région est déjà au bord de la famine, accueillant des centaines de milliers de personnes déplacées vivant dans des conditions précaires, sans accès adéquat aux fournitures de base.
L’attaque contre l’hôpital intervient après plusieurs semaines d’intensification des opérations de la RSF autour d’el-Fasher, causant la mort de plus de 120 personnes selon des sources locales.
Entre le 25 mai et le 3 juin, l’hôpital a été touché par des obus de mortier et des balles à trois reprises, faisant deux morts et 14 blessés selon MSF.
L’ONU estime que la guerre au Soudan a déjà coûté la vie à des dizaines de milliers de personnes, dont 15 000 dans une seule ville du Darfour-Ouest, depuis son déclenchement il y a 14 mois.
Le porte-parole de l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) de l’ONU, Mohammedali Abunajela, a déclaré que plus de 10 millions de personnes ont été déplacées au Soudan, dont 2,83 millions avant le début du conflit actuel, en raison de multiples conflits locaux.
Plus de 2 millions de personnes supplémentaires ont été contraintes de fuir à l’étranger, principalement vers le Tchad, le Soudan du Sud et l’Égypte, selon lui. Amy Pope, directrice générale de l’IOM, a comparé cette situation à une ville de la taille de Londres déplacée, soumise à la menace constante des combats, des famines, des maladies, et des violences ethniques et sexistes brutales.
Les deux parties impliquées dans le conflit ont été accusées de crimes de guerre, notamment de cibler délibérément des civils, de bombarder des zones résidentielles sans discrimination et d’entraver l’aide humanitaire. Des rapports font également état de violences sexuelles généralisées, qualifiées de crimes contre l’humanité par l’ONU.