Le climat diplomatique entre l’Espagne et le Mexique s’est brusquement détérioré à l’approche de l’investiture de Claudia Sheinbaum, la première femme présidente du Mexique, prévue pour le 1er octobre 2024. L’absence notoire du roi Felipe VI à cette cérémonie a été perçue comme une exclusion inacceptable par le gouvernement espagnol, déclenchant un boycott de la part de Madrid. Cette situation met en lumière les tensions historiques et politiques qui sous-tendent les relations entre les deux nations, marquées par un passé colonial complexe et des désaccords contemporains.
La relation entre l’Espagne et le Mexique est profondément enracinée dans une histoire commune qui remonte à la conquête espagnole au XVIe siècle. Les blessures du passé colonial, toujours vives, ont récemment ressurgi dans le discours politique mexicain. La présidente élue, Claudia Sheinbaum, a clairement indiqué que l’absence de Felipe VI était due à son refus de reconnaître les « dommages » causés par la conquête. Cette demande de reconnaissance, formulée par l’ancien président Andrés Manuel López Obrador dans une lettre de 2019, est devenue un point de friction majeur.
Le président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, a exprimé sa frustration face à cette exclusion, la qualifiant d’inacceptable. Selon lui, la participation du roi aux investitures en Amérique latine est une tradition qui souligne les liens étroits entre l’Espagne et ses anciennes colonies. Sanchez a souligné que Felipe VI avait assisté à toutes les cérémonies d’investiture en Amérique latine depuis 2014, ce qui renforce la notion d’une continuité diplomatique qui a été soudainement remise en question.
Le boycott espagnol de l’investiture a des implications importantes pour la dynamique bilatérale. En agissant ainsi, l’Espagne montre qu’elle ne tolérera pas ce qu’elle considère comme un affront à sa dignité nationale. Cela pourrait entraîner une détérioration significative des relations, compte tenu de l’importance économique et culturelle de ces liens. En effet, des milliers d’entreprises espagnoles opèrent au Mexique, et la coopération économique est cruciale pour les deux pays.
Cette crise pourrait avoir des répercussions à long terme sur les relations hispano-mexicaines. Les appels à un récit partagé de l’histoire, émis par Sheinbaum, pourraient sembler une voie vers la réconciliation, mais ils nécessitent une volonté politique des deux côtés. La situation actuelle pose la question de savoir si l’Espagne et le Mexique peuvent transcender leurs griefs historiques pour établir un partenariat fondé sur la reconnaissance mutuelle et le respect.