Dakar, 18 juillet 2025 – Lors d’une cérémonie empreinte de symbole à Dakar, l’armée française a officiellement restitué ses deux dernières bases militaires au Sénégal, mettant fin à une présence militaire continue de plus de six décennies, entamée au lendemain de l’indépendance. Ce retrait marque la fin de l’engagement militaire permanent de la France en Afrique de l’Ouest et centrale, après des départs successifs du Mali, du Burkina Faso, du Niger, de la Côte d’Ivoire, du Tchad et du Gabon.
Dans un climat solennel mais apaisé, le général Mbaye Cissé, chef d’état-major des armées sénégalaises, a reçu les clés des installations — le camp Geille et l’escale aéronautique de l’aéroport de Dakar — des mains du général Pascal Ianni, commandant des forces françaises pour l’Afrique. Ce dernier a salué « une relation historique » et « le devoir accompli », tout en soulignant la nécessité de « repenser nos partenariats » avec une Afrique « en pleine transformation ».
Ce retrait, annoncé dès novembre 2024 par le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye, s’inscrit dans une volonté affirmée de restaurer la souveraineté nationale. « Le Sénégal est un pays souverain, et la souveraineté ne s’accommode pas de la présence de bases étrangères », déclarait alors le chef de l’État. Son gouvernement, porté par une dynamique de rupture, entend bâtir des relations internationales fondées sur l’égalité et le respect mutuel.
La fermeture des bases françaises au Sénégal survient dans un contexte régional tendu, marqué par les violences jihadistes, l’instabilité politique et une succession de coups d’État. Ces dernières années, la présence militaire française — longtemps vue comme un rempart contre le chaos — a été contestée, assimilée à une prolongation de la domination coloniale.
Le Sénégal faisait figure d’exception parmi les partenaires africains de Paris. Son ralliement à la dynamique de retrait entérine un basculement profond dans les rapports entre la France et l’Afrique de l’Ouest. Le député Guy Marius Sagna (Pastef) a salué ce départ comme « une victoire populaire » contre « l’armée d’occupation française », affirmant que « la décolonisation continue » et que « l’Afrique se lève pour reprendre son destin en main ».
Avec la dissolution des Éléments français au Sénégal (EFS), qui comptaient encore 350 soldats, la France clôt un chapitre de sa présence militaire sur le continent. Ne conservant plus qu’une base stratégique à Djibouti, Paris entend désormais privilégier des partenariats militaires ponctuels et modulables, tournés vers la formation, l’assistance ou les opérations spécifiques, mais sans implantation permanente.
« Nous n’avons plus besoin de bases permanentes pour coopérer efficacement », a déclaré le général Ianni, soulignant que cette transformation répond à la volonté des États africains de maîtriser pleinement leur sécurité et de bâtir des partenariats équilibrés.