Paris – La ministre française de la Culture, Rachida Dati, sera jugée pour corruption et abus de pouvoir dans le cadre de ses activités passées en tant que députée européenne. L’annonce a été confirmée mardi par une source judiciaire, plongeant le gouvernement dans une nouvelle zone de turbulences à moins d’un an des élections municipales à Paris, où Dati ambitionne de se présenter.
L’affaire remonte à 2019, lorsque Dati a été placée sous enquête, soupçonnée d’avoir perçu 900 000 euros de la part d’une filiale néerlandaise de Renault-Nissan, entre 2010 et 2012, alors qu’elle était députée au Parlement européen. Les juges estiment que ces sommes, versées sous couvert d’honoraires d’avocate, s’apparentent en réalité à une activité de lobbying déguisé pour le constructeur automobile – une pratique interdite dans le cadre d’un mandat parlementaire européen.
Dans leur ordonnance, les juges d’instruction déclarent que les agissements de Rachida Dati « apparaissent incompatibles tant avec son mandat qu’avec la profession d’avocat », évoquant une forme de trafic d’influence institutionnelle.
Rachida Dati, 59 ans, ancienne garde des Sceaux sous Nicolas Sarkozy et actuelle maire du 7e arrondissement de Paris, conteste vigoureusement les accusations. Elle n’a cessé de dénoncer une « instrumentalisation judiciaire » à l’encontre de sa candidature à la mairie de Paris. Lundi, à la veille de la décision, elle affirmait :
« Je n’ai peur de rien ni de personne. Certains tentent de m’abattre politiquement. Je me battrai jusqu’au bout. »
Ses avocats, Maîtres Olivier Baratelli et Olivier Pardo, ont annoncé leur intention de faire appel immédiatement de la décision de renvoi en correctionnelle.
Malgré cette mise en cause, Dati conservera son portefeuille ministériel. L’Élysée, par la voix d’un proche d’Emmanuel Macron, rappelle qu’un renvoi devant la justice « ne vaut pas condamnation » et que la ministre poursuivra ses fonctions. Une position politiquement risquée alors que la moralisation de la vie publique reste un sujet sensible en France.
L’affaire implique également Carlos Ghosn, ancien PDG de Renault-Nissan, visé par une procédure parallèle. Réfugié au Liban après son spectaculaire exil du Japon en 2019, Ghosn fait face à un mandat d’arrêt international et sera lui aussi jugé, selon les magistrats.
La date du procès sera fixée lors d’une audience prévue le 29 septembre prochain, mais selon une source proche du dossier, il pourrait se tenir après les élections municipales de mars 2026, où Dati compte se positionner comme figure de droite face à une gauche divisée.
Ce procès à forte résonance politique et médiatique pourrait donc reconfigurer la scène électorale parisienne, tout en mettant à l’épreuve la capacité de résilience d’une ministre connue pour sa pugnacité autant que pour ses ambitions.