Des milliers de personnes ont été contraintes de fuir la ville de Wad Madani au Soudan alors que les hostilités entre l’armée et les forces paramilitaires de soutien rapide (RSF) ont atteint cette deuxième plus grande ville du pays.
Les forces paramilitaires ont établi une base à l’est de Wad Madani, capitale de l’État d’Al Jazira, entraînant la fuite de milliers de personnes déjà déplacées.
Cette offensive des RSF a créé un nouveau front dans un conflit qui dure depuis huit mois, transformant ce qui était autrefois considéré comme l’un des derniers refuges sûrs au Soudan en un théâtre de violences, comme l’a souligné William Carter, directeur du Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC) pour le Soudan.
Des vidéos publiées sur les réseaux sociaux montrent des foules de personnes, nombre d’entre elles ayant cherché refuge à Wad Madani après les violences à Khartoum, emballant leurs affaires et fuyant à pied. Ahmed Saleh, 45 ans, exprimant le désespoir, a déclaré: « La guerre nous a suivis jusqu’à Madani, alors je cherche un bus pour que ma famille et moi puissions fuir ».
L’armée soudanaise, qui contrôlait la ville depuis le début du conflit, a réagi en lançant des frappes aériennes contre les forces de RSF dans une tentative de repousser l’assaut initié vendredi, selon des témoins cités par Reuters. Les RSF ont répliqué avec de l’artillerie, et des renforts ont été acheminés vers les combats.
Le conflit au Soudan, déclenché par des désaccords sur les projets de transition politique et l’intégration des RSF dans l’armée, a déjà fait plus de 12 000 morts selon une estimation prudente du Armed Conflict and Event Data Project, tandis que près de 6,8 millions de personnes ont été contraintes de fuir leur domicile, selon les Nations Unies.
L’ONU a annoncé que 14 000 personnes avaient déjà fui Wad Madani, certaines ayant atteint d’autres villes, et un demi-million de personnes avaient trouvé refuge à d’Al Jazira, principalement en provenance de Khartoum. Wad Madani, qui abrite plus de 86 000 personnes déplacées, a suspendu toutes les missions humanitaires de l’ONU sur le terrain.
Les familles, cherchant désespérément la sécurité, ont été confrontées à des billets de bus exorbitants, atteignant 60 dollars par personne, et nombre d’entre elles se retrouvent sans endroit où aller. William Carter du NRC a exprimé une vive inquiétude pour les familles vulnérables de Wad Madani, soulignant qu’elles étaient « entassées dans des sites de déplacement dans les écoles depuis des mois et n’ont nulle part où se cacher de la violence, aucun moyen de s’échapper et nulle part où fuir ».