Le président de la République, dans une tentative maladroite de contrôler le marché du bétail à l’approche de l’Aïd El-Adha, a ordonné une série de mesures confuses et bureaucratiques. Plutôt que de s’attaquer aux problèmes structurels de l’élevage en Algérie, il opte pour une importation massive pouvant atteindre un million de têtes de bétail, révélant ainsi l’échec criant de la politique agricole nationale. En imposant un prix plafond et en confiant l’opération aux organismes publics, l’État s’engage dans une course contre la montre qui risque fort d’aboutir à une gestion désastreuse et à des tensions sur le marché. Quant à l’idée d’impliquer les services sociaux des entreprises pour la vente des moutons, elle illustre une confusion totale entre les rôles économiques et sociaux des institutions.
Sur le plan fiscal, la volonté affichée de numériser les données et d’éliminer toute intervention humaine dans la gestion des finances publiques est répétée comme un mantra sans réel plan d’action. Cette insistance à « accélérer » le projet laisse entendre qu’il traîne depuis longtemps, révélant une inertie administrative incapable de concrétiser ses propres décisions. L’argument de la transparence semble davantage un slogan creux qu’une réelle ambition de réforme.
Quant à la formation professionnelle, le discours présidentiel frôle l’absurde. En prétendant que le secteur attire désormais plus de jeunes grâce à une « nouvelle approche », il passe sous silence la crise de l’emploi qui force ces derniers à s’orienter vers des filières faute de meilleures opportunités. La promotion de l’élevage et de l’horticulture comme axes stratégiques traduit une vision réductrice et limitée des perspectives de développement. L’organisation d’un salon pour les petits éleveurs, censé dynamiser le secteur, s’apparente plus à une opération de communication qu’à une véritable politique de soutien.
Le développement ferroviaire suit la même logique d’annonces en série sans véritable suivi. L’injonction de lancer immédiatement les lignes Laghouat-Tamanrasset et El Meniaa-Timimoun-Adrar apparaît comme une déclaration purement symbolique, alors que les infrastructures du pays souffrent de retards chroniques et d’un manque de financement criant. L’argument de la « dimension sociale et continentale » de ces projets masque mal l’incapacité à finaliser d’autres chantiers ferroviaires laissés en suspens depuis des années.
Enfin, le dossier du marbre illustre une politique économique dictée par des décisions précipitées et des interdictions arbitraires. L’interdiction soudaine de l’importation de dalles de marbre finies, sans plan clair pour renforcer la production locale, risque d’entraîner des effets pervers, notamment une hausse des prix et une dépendance accrue aux importations brutes. L’invitation à collaborer avec des « leaders internationaux » trahit, une fois de plus, l’absence de vision industrielle cohérente et une soumission totale aux investisseurs étrangers.
