Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a promulgué une loi controversée sur l’éducation, mettant à l’épreuve la solidité de son gouvernement d’unité nationale, en place depuis seulement trois mois. Cette loi, bien que nécessaire pour standardiser le système éducatif, suscite de vives critiques en raison de deux articles majeurs qui touchent à des sujets sensibles : l’admission des élèves et la langue d’enseignement. Ces clauses confèrent au gouvernement le pouvoir de décision, au détriment des conseils scolaires locaux composés de parents et d’enseignants.
La signature de ce texte a provoqué une fracture au sein de la coalition, en particulier avec l’Alliance Démocratique (DA), principal allié de l’ANC de Ramaphosa. La DA, qui représente notamment les communautés afrikaners, craint que cette loi ne mette en péril l’enseignement en langue afrikaans, une préoccupation cruciale pour une partie de son électorat. Bien que Ramaphosa ait suspendu l’entrée en vigueur des articles litigieux pour une période de trois mois, le parti de John Steenhuisen a déjà annoncé son intention de porter l’affaire devant les tribunaux.
Ramaphosa se trouve donc pris entre deux feux. D’un côté, il défend cette loi comme une réforme nécessaire pour garantir l’équité dans l’accès à l’éducation à travers le pays. De l’autre, il doit gérer les tensions politiques qui menacent de déstabiliser son gouvernement d’unité nationale. La DA a minimisé les risques immédiats de rupture de la coalition, mais la poursuite judiciaire et les débats à venir laissent présager une crise prolongée.
La promulgation de cette loi marque la première véritable crise politique depuis la mise en place du gouvernement d’unité nationale, suite aux élections de mai où l’ANC a perdu sa majorité absolue. Les discussions à venir sur les articles contestés seront cruciales pour l’avenir de cette coalition fragile, qui pourrait s’effriter sous la pression de la DA et des autres partis minoritaires.
Si un consensus n’est pas trouvé dans les trois mois, la mise en œuvre des articles suspendus pourrait exacerber les divisions, remettant en question la capacité de Ramaphosa à maintenir un gouvernement stable et à conduire les réformes promises.