Après des décennies de conflit, les Irakiens ne demandent plus la fin de la guerre, mais une nouvelle ère de démocratie et de prospérité. Une stabilisation de la situation sécuritaire du pays à la suite de la défaite de l’État islamique a mis les échecs systémiques de l’Irak au premier plan des débats publics.
La jeune population iraquienne en plein essor a salué le retour de la paix, mais voit peu d’avenir dans un pays dans lequel la classe politique utilise un État brisé, doté d’institutions faibles à son avantage, plutôt que de celle des citoyens nationaux.
C’est cette frustration qui a précipité le déclenchement des manifestations de masse depuis la dernière semaine de septembre. La réaction du gouvernement à ces événements a jusqu’ici fait 107 morts et 6 000 blessés. Bien que l’explosion de la colère anti-système alimente les griefs économiques de la jeunesse du pays, un autre facteur est apparu alors que les manifestants réclamaient forme: un désir de voir le pays comme une nation unifiée, et non un lieu de rassemblement pour un conflit régional division sectaire.
Bien que l’explosion de la colère anti-système alimente les griefs économiques de la jeunesse du pays, un autre facteur est apparu alors que les manifestants réclamaient forme: un désir de voir le pays comme une nation unifiée, et non un lieu de rassemblement pour un conflit régional division sectaire.
Aux côtés du slogan emblématique de 2011, «le peuple demande la chute du régime», les slogans «Iran dehors» et «Saudi dehors» sonnent également dans les rues de Bagdad et de Bassorah, alors que les manifestants lient leur propre situation économique précaire et s’effondrent institutions à la présence de puissants opérateurs étrangers en Irak.
En effet, le catalyseur de la présente vague de protestation peut être attribué au limogeage du lieutenant général Abdul Wahab al-Saadi, commandant en second du Service irakien de lutte contre le terrorisme. M. al-Saadi, qui a joué un rôle crucial dans la défaite de l’Etat islamique dans le pays, a été licencié dans la dernière semaine de septembre.
Bien que le Premier ministre Adil Abdel Mahdi n’ait donné aucune raison officielle à cette décision, de nombreux Iraquiens affirment qu’elle est marquée par la corruption institutionnelle. M. al-Saadi est depuis longtemps un partisan de l’unité nationale, un opposant au sectarisme et un critique de la présence croissante d’acteurs étrangers, notamment de l’Iran, dans le pays.
M. al-Saadi a affirmé que les forces iraniennes ne devraient pas participer aux opérations de libération visant à reconquérir le territoire perdu à la fin de la guerre civile en Irak, M. al-Saadi a vivement critiqué la présence des opérations iraniennes dans le pays et l’institutionnalisation croissante des milices soutenues par l’Iran dans les infrastructures de sécurité du pays.
Bien que la présence de l’Iran dans le pays ne soit pas à blâmer pour son malaise économique profondément enraciné et la corruption de ses institutions gouvernementales, de nombreux Iraquiens voient dans la présence d’acteurs étrangers et de leurs facilitateurs locaux dans l’espace national un indice de l’échec du gouvernement à mettre en place des mesures irakiennes les citoyens d’abord.
Selon Maysam Behravesh, analyste politique chez Gulf State Analytics, alors que l’Iran se présente comme un libérateur du peuple irakien issu d’un État islamique et un allié important de la communauté chiite irakienne, le fait est que les intérêts irakiens ne correspondent à ceux de l’Iran.