Le 11 février 2025, la Maison-Blanche a été le théâtre d’une rencontre stratégique entre Donald Trump et le roi Abdallah II de Jordanie. Si le ton est resté courtois, les divergences n’en étaient pas moins profondes, notamment sur l’avenir de Gaza et le projet controversé du président américain.
Donald Trump, fidèle à son style direct et peu enclin aux concessions, a profité de cette rencontre pour réaffirmer sa volonté de voir Gaza sous contrôle américain après un déplacement massif de sa population vers l’Égypte et la Jordanie. Ce projet, qui suscite une vive indignation dans le monde arabe et au sein de la communauté internationale, repose sur l’idée de transformer Gaza en une enclave vide de ses habitants et de reconstruire sous une nouvelle administration.
Le président américain a tenté d’obtenir du souverain jordanien un soutien de sa position en insistant sur l’importance de la coopération régionale pour « stabiliser » Gaza après les mois de guerre.
Face à cette offensive diplomatique, le roi Abdallah II a adopté une posture habile, maniant tact et fermeté. S’il a soigneusement évité la confrontation directe avec Trump, il a réaffirmé le refus catégorique de son pays d’accueillir des Palestiniens déplacés, insistant sur la nécessité d’une solution politique durable plutôt qu’un exode forcé.
Cependant, dans un geste humanitaire destiné à montrer la bonne volonté de la Jordanie sans pour autant céder sur les exigences américaines, il a proposé d’accueillir 2 000 enfants malades de Gaza, notamment des patients atteints de cancer ou d’autres maladies graves.
Trump a salué cette initiative en la qualifiant de « magnifique », tout en soigneusement d’aborder les critiques croissantes sur son projet de réinstallation forcée des Palestiniens. Il a poursuivi en détaillant sa vision pour Gaza, qu’il imagine transformé en une « Riviera du Moyen-Orient », un projet qui semble en total décalage avec la réalité du terrain et les immenses souffrances de la population.
Abdallah II, conscient des enjeux et du poids du soutien financier américain à son pays, a su naviguer avec prudence dans cet entretien sous tension. Washington accorde chaque année environ 750 millions de dollars d’aide économique à la Jordanie, ainsi que 350 millions de dollars d’aide militaire. Une pression financière implicite plane donc sur le royaume hachémite, bien que Trump se soit abstenu de formuler des menaces directes cette fois-ci.
À l’issue de cette rencontre, aucun accord concret n’a été trouvé. Le bras de fer diplomatique entre les États-Unis et la Jordanie sur la question de Gaza est loin d’être terminé. Cependant, cette entrevue a permis àu roi Abdallah II de maintenir la ligne rouge jordanienne sans provoquer une crise ouverte avec Washington.