Dans la nuit du mercredi 19 au jeudi 20 février 2025, quatre attentats à l’explosif ont secoué les villes colombiennes de Villa del Rosario et Cucuta, situées à la frontière avec le Venezuela. Ces attaques, qui ont fait six blessés, sont attribuées à la guérilla de l’Armée de libération nationale (ELN), selon les autorités locales.
L’une des explosions les plus marquantes s’est produite à Villa del Rosario, où une voiture piégée a explosé contre un poste de péage, provoquant d’importants dégâts matériels. Trois autres explosions ont ciblé des postes de police, deux à Cucuta et un autre à Villa del Rosario. Ces attaques, revendiquées implicitement par des messages circulant sur des réseaux proches de l’ELN, semblent avoir été minutieusement planifiées pour semer la terreur dans cette région instable de Colombie.
Le général William Quintero, commandant de la police locale, a pointé du doigt les « bandits de l’ELN » opérant dans cette zone frontalière. Selon lui, ces attentats coïncident avec la date anniversaire de la mort de Domingo Lain Saenz, un prêtre espagnol ayant rejoint la guérilla et tué le 20 février 1974. Cette symbolique renforce la probabilité d’une action délibérée de l’ELN pour marquer cette date.
Les explosions ont fait six blessés, dont des policiers et des civils, selon les autorités du département de Norte de Santander. George Quintero, secrétaire à la Sécurité de la région, a fermement condamné ces attaques, les qualifiant de « terroristes » et dénonçant une volonté manifeste de l’ELN de perturber la stabilité locale.
Face à cette escalade de violence, le maire de Cucuta, Jorge Acevedo, a immédiatement réagi en décrétant un couvre-feu nocturne à partir de 19h00 locales (0h00 GMT). Par ailleurs, les établissements scolaires resteront fermés le vendredi 21 février afin d’assurer la sécurité des élèves et du personnel éducatif.
Fondée en 1964, l’Armée de libération nationale s’inspire des idéaux révolutionnaires de Che Guevara, de la révolution cubaine et de la théologie de la libération. Comptant environ 5 800 combattants, elle est particulièrement active dans la région de Norte de Santander, où elle rivalise avec d’autres groupes armés pour le contrôle du territoire.
Face à cette nouvelle vague d’attentats, le président colombien Gustavo Petro a dénoncé des « crimes de guerre » et annoncé la suspension des négociations de paix avec l’ELN, entamées en 2024. Depuis son élection en 2022, Petro, premier président de gauche du pays, a adopté une politique de « paix totale » visant à négocier avec les différents groupes armés. Cependant, cette stratégie a été vivement critiquée, certains observateurs estimant qu’elle a affaibli les opérations militaires contre ces organisations criminelles, leur laissant plus de latitude pour étendre leur influence.
La crise a également provoqué des remous au sein du gouvernement. Le ministre de la Défense, Ivan Velasquez, a récemment démissionné et a été remplacé par le général de l’Armée de l’air, Pedro Sanchez. Ce changement marque une volonté du gouvernement de renforcer la riposte sécuritaire face aux violences croissantes.
Avec ces nouveaux attentats, l’ELN envoie un message clair : loin d’être affaiblie, la guérilla reste une menace bien réelle pour la stabilité du pays. La réponse du gouvernement colombien dans les semaines à venir sera déterminante pour l’avenir des négociations de paix et pour la sécurité des populations vivant dans les zones de conflit.