Le projet du gazoduc transsaharien (TSGP) semble enfin sortir de son interminable léthargie avec la signature, le 11 février à Alger, du contrat pour la mise à jour de l’étude de faisabilité. Mais qui peut encore y croire ? Près de 25 ans après son lancement, ce projet stratégique reliant le Nigeria à l’Algérie via le Niger n’en est toujours qu’au stade des études !
Il aura donc fallu attendre un quart de siècle et quatre réunions ministérielles tripartites pour aboutir à… une simple mise à jour de l’étude de faisabilité. Pire encore, les responsables s’empressent de présenter cette avancée minimale comme un « cap important ». La réalité est tout autre : il s’agit d’un énième retard pour un projet qui aurait dû être achevé depuis des années.
Le choix du même consultant, Penspen, qui avait réalisé l’étude initiale, soulève lui aussi des questions. Faut-il en déduire que l’étude précédente est devenue obsolète ou bien n’a-t-elle jamais été sérieusement réalisée ? Comment justifier qu’après des décennies de discussions, le TSGP en soit encore à examiner le tracé du gazoduc, les spécifications du gaz exporté ou même le nombre de stations de compression à installer ?
Et pendant ce temps, l’argent des Algériens continue d’être dilapidé dans des études sans fin. Plus d’un million de dollars supplémentaires seront engloutis dans cette énième mise à jour, financée par Sonatrach, Sonidep et NNPC. Une somme colossale qui vient s’ajouter à des années de dépenses infructueuses, sans qu’un seul mètre de gazoduc ne voie le jour.
Un coût d’investissement à réévaluer, un marché gazier à analyser, un impact environnemental et social à prendre en compte… Tout cela aurait dû être fait il y a bien longtemps. Aujourd’hui, ce projet accuse un retard colossal face à un marché énergétique en constante évolution, où chaque jour compte.
Pendant que l’Algérie, le Niger et le Nigeria végètent dans des études coûteuses — qui ressemblent de plus en plus à un gouffre financier — le monde avance à grands pas vers la transition énergétique. L’incapacité des trois pays à faire du TSGP une réalité concrète risque d’enterrer définitivement ce projet pourtant prometteur.
Dans un contexte géopolitique instable, où la guerre en Ukraine pourrait trouver une issue, l’opportunité de positionner le TSGP comme une alternative crédible pour l’approvisionnement en gaz de l’Europe pourrait bien passer sous leur nez. En dépit de leurs ambitions affichées, l’Algérie et le Nigeria risquent de rester des géants énergétiques aux pieds d’argile, incapables de transformer leur potentiel en succès tangible.
Au bout du compte, c’est l’argent public qui est sacrifié sur l’autel de l’incompétence, avec des promesses vides et des études qui ne mènent nulle part.
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