Prabowo Subianto, ancien général et nationaliste radical de 73 ans, a été officiellement investi président de l’Indonésie. À la tête de la plus grande économie d’Asie du Sud-Est, il ambitionne de redynamiser le pays, tant sur le plan économique que diplomatique. Son arrivée au pouvoir, marquée par la nomination de Gibran Rakabuming Raka, fils de l’ex-président Joko Widodo, en tant que vice-président, a suscité de nombreux espoirs tout en laissant planer des doutes sur la direction que prendra son mandat et les répercussions de ses choix politiques.
Prabowo, qui succède à Widodo après une victoire écrasante en février, a prononcé un discours d’investiture soulignant son engagement envers l’intégrité et l’inclusivité : « Nous jouerons notre rôle de dirigeants de la nation avec honnêteté, en donnant la priorité aux intérêts de tous les Indonésiens, y compris ceux qui n’ont pas voté pour nous. » Cette déclaration pose un socle ambitieux pour sa présidence, alors même que son passé militaire, teinté de controverses, demeure dans les mémoires.
Le nouvel homme fort de l’Indonésie s’est d’ores et déjà engagé à relancer l’économie, avec un objectif de croissance de 8 % par an, une hausse considérable par rapport aux 5 % réalisés ces dernières années. L’un des projets phares de son programme est l’instauration de repas scolaires gratuits, un projet colossale évalué à 28 milliards de dollars, qui pourrait transformer le paysage social du pays. Toutefois, pour financer ces ambitions, Prabowo semble prêt à augmenter la dette, ce qui pourrait entraîner des tensions sur le long terme.
D’un point de vue politique, Prabowo s’apprête à opérer des changements significatifs par rapport à son prédécesseur. En élargissant son cabinet d’un tiers pour accueillir ses alliés, il démontre sa volonté d’instaurer une gouvernance plus inclusive, mais cela pourrait également compliquer la prise de décision politique. Dans le domaine des relations internationales, le nouvel président prévoit de redynamiser la diplomatie indonésienne, souvent jugée trop passive sous Widodo. Contrairement à son prédécesseur, Prabowo a déjà multiplié les rencontres internationales, témoignant d’un désir d’intégration et d’influence sur la scène mondiale.
Analysant cette transition, Kennedy Muslim, analyste politique, souligne que « la plus grande différence entre la politique de Prabowo et celle de son prédécesseur réside dans l’orientation de sa politique étrangère ». Tandis que Widodo privilégiait une approche pragmatique axée sur l’attraction des investissements étrangers, Prabowo semble privilégier une vision stratégique, cherchant à renforcer la position de l’Indonésie sur des questions géopolitiques majeures. Il a récemment proposé un plan pour résoudre le conflit russo-ukrainien, une initiative qui, bien qu’innovante, a été critiquée pour son manque de soutien de la part des acteurs internationaux impliqués.
Son premier déplacement officiel en tant que président a été en Chine, soulignant l’importance des relations économiques entre les deux pays. Avec Pékin comme premier partenaire commercial de l’Indonésie, le renforcement des liens avec la Chine pourrait avoir des répercussions profondes sur la politique économique et étrangère indonésienne. Prabowo a également rencontré d’autres dirigeants mondiaux, ce qui suggère une volonté d’asseoir l’Indonésie en tant qu’acteur incontournable sur la scène internationale.