Les prix du pétrole ont enregistré une hausse mercredi sur les marchés asiatiques, alimentés par des préoccupations croissantes quant aux perturbations de l’approvisionnement en raison des conditions climatiques extrêmes aux États-Unis et des attaques ciblées contre les infrastructures pétrolières en Russie. Parallèlement, l’incertitude entourant les pourparlers de paix en Ukraine et les potentielles décisions de l’OPEP+ sur la production ajoutent à la volatilité des marchés.
Le prix du pétrole brut Brent a progressé de 14 cents (0,2 %) pour atteindre 75,98 dollars le baril, marquant ainsi sa troisième hausse consécutive. De son côté, le baril de West Texas Intermediate (WTI) pour livraison en mars a grimpé de 16 cents (0,2 %) à 72,1 dollars. À l’approche de l’expiration du contrat de mars, le contrat d’avril a également gagné 14 cents, atteignant 71,97 dollars le baril.
Cette tendance haussière s’explique principalement par deux facteurs : les attaques ukrainiennes contre des installations pétrolières en Russie et les perturbations des infrastructures aux États-Unis causées par une vague de froid intense.
Mardi, la Russie a annoncé une réduction significative des flux pétroliers transitant par le consortium du pipeline de la mer Caspienne (CPC), une infrastructure clé reliant les champs pétrolifères du Kazakhstan aux marchés internationaux. Selon les autorités russes, les attaques de drones ukrainiens ont endommagé une station de pompage essentielle, entraînant une chute de 30 à 40 % des exportations via ce réseau.
Selon les calculs de Reuters, une baisse de 30 % équivaut à environ 380 000 barils de pétrole par jour en moins sur le marché mondial. Cette diminution a immédiatement exercé une pression à la hausse sur les prix du brut, les investisseurs anticipant une contraction de l’offre.
Parallèlement, aux États-Unis, les conditions météorologiques rigoureuses menacent la production pétrolière. La North Dakota Pipeline Authority estime que la production de cet État, le troisième plus grand producteur de pétrole du pays, pourrait être réduite jusqu’à 150 000 barils par jour.
Le froid glacial entrave l’exploitation des champs pétroliers et perturbe les infrastructures de transport, notamment les oléoducs et les raffineries. Ce phénomène s’ajoute à une série de problèmes logistiques ayant déjà impacté l’approvisionnement en pétrole sur le marché nord-américain.
Face à ces perturbations, certains analystes suggèrent que l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés (OPEP+) pourraient revoir leur stratégie d’augmentation progressive de la production. Initialement prévue en avril, cette augmentation pourrait être retardée pour éviter un excédent d’offre et soutenir les cours du pétrole.
Le maintien du niveau psychologiquement clé des 70 dollars par baril est un indicateur fort du soutien des investisseurs, qui restent attentifs aux décisions de l’OPEP+ et aux évolutions du conflit en Ukraine.
Un autre facteur influençant les marchés est l’évolution des négociations entre les États-Unis et la Russie pour mettre fin à la guerre en Ukraine. Le président américain a annoncé mardi qu’il avait accepté de nouvelles discussions avec Moscou en vue d’un accord de paix.
Si un tel accord venait à être conclu, il pourrait conduire à un allègement des sanctions imposées à la Russie, facilitant ainsi le retour du pétrole russe sur les marchés internationaux. Toutefois, les analystes de Goldman Sachs restent sceptiques quant à l’impact d’un assouplissement des sanctions sur la production russe.
Dans un récent rapport, Goldman Sachs indique que « la production pétrolière russe est restée limitée dans le cadre de l’accord OPEP+, et que les sanctions ont davantage influencé la destination des exportations que les volumes eux-mêmes ». Autrement dit, même en cas d’accord de paix, une augmentation significative de l’offre russe semble peu probable à court terme.
Enfin, une autre annonce de la présidence américaine pourrait impacter les marchés de l’énergie. Le gouvernement a déclaré son intention d’imposer un tarif de 25 % sur les importations de voitures et envisage des mesures similaires pour les semi-conducteurs et les produits pharmaceutiques.
Ces tarifs pourraient avoir des conséquences majeures sur l’économie américaine et mondiale, notamment en augmentant le coût des biens de consommation et en ralentissant la croissance économique. Une telle situation pourrait indirectement peser sur la demande de pétrole, compensant en partie la pression haussière exercée par les perturbations de l’offre.
Les investisseurs et les analystes resteront donc attentifs aux développements des prochains jours, scrutant chaque nouvelle annonce qui pourrait impacter l’équilibre fragile entre l’offre et la demande sur les marchés pétroliers internationaux.